Je souffre donc je suis. Telle semblerait être la devise de notre époque. À se demander si ces tourments sont bien réels ou s’ils ne sont que le simple reflet d’une société nombriliste.

Tous les jours que Dieu fait, et même ceux qu’il ne fait pas, je m’interroge sur ma santé mentale. Comment vais-je? Suis-je déprimé ou seulement un peu fatigué? Cette angoisse qui m’étreint depuis hier est-elle le fruit du traumatisme de ma naissance ou bien la conséquence directe du refus récent de mon chat de jouer quand je reviens des courses? Et ce sentiment de terreur qui m’habite constamment, dois-je l’attribuer aux sinistres prévisions des climatologues ou à cette aigreur dans l’estomac que je ressens après avoir mangé de la fondue en conserve?
C’est que, de nos jours, la santé mentale est devenue la nouvelle tarte à la crème servie à peu près à toutes les sauces. Au moindre problème advenu, à la première contrariété rencontrée, qu’il s’agisse d’une nouvelle vague de contaminations due à une reprise de l’épidémie de Covid, du devenir de la planète, des états d’âme d’un sportif de haut niveau ou de la dépression passagère d’une participante à «Koh-Lanta», on évoque d’un ton pudique une question de santé mentale comme s’il s’agissait là d’une évidence, d’un mal si répandu que la planète entière en souffrirait.
Je souffre donc je suis. Telle semblerait être la devise de notre époque. Un bouclier bien pratique derrière lequel on s’abriterait afin de taire toute remise en question. La souffrance mentale a ceci de magique qu’il ne viendrait à l’idée de personne de la discuter. Confrontée à cette dernière, on s’incline, on compatit, on s’excuse. Surtout, on ferme sa gueule et on passe à autre chose –on ne plaisante pas avec la santé mentale. Jamais.
Mais de quoi parle-t-on quand on évoque un problème de santé mentale? D’un mal-être passager? D’une déprime occasionnelle? D’un vague à l’âme qui ne dit pas son nom? Ou alors d’un véritable effondrement psychique? D’une altération de l’humeur qui conduit à la dépression voire au suicide? D’un état psychotique qui nécessite un traitement de fond? D’une mélancolie tenace qui transforme l’existence en un chemin de croix où accomplir le moindre geste de la vie quotidienne exige de votre part des efforts surhumains?
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